ILE MARIE GALANTE
14 avril au 19 avril,
Départ de la baie de Portsmouth sur l'île de la Dominique, pour l’île de Marie Galante, distante de 25 milles nautiques. Trajet fait avec un vent portant faible et irrégulier en puissance de 2 à 3 nœuds, avec des rafales de 7 nœuds, plus 3 heures de moteur.
En remontant le chenal entre la Dominique et Marie Galante, nous remontons la ligne et oh surprise, un baracouda .
A 17 h 30, nous posons la pioche dans une eau cristalline digne d'une eau minérale dans la baie de Saint Louis.
Marie Galante d'une superficie de 158 km², ce plateau calcaire fut également découvert par Christophe Colomb le 3 novembre 1493 qui la baptisa du nom de son navire amiral « Maria-Galanda ».
Les premiers habitants furent les indiens « Arawaks » et Caraïbes, puis des colons débarquèrent au XVIIIe siècle. Ils érigèrent les premières sucreries et plus de 100 moulins destinés à broyer la canne à sucre.
Les moulins à vent apparurent en 1780. En 1830, on comptait jusqu'à 105 moulins dont plus de la moitié étaient encore actionnés par des bœufs. Aujourd'hui 72 tours de moulins sont encore visibles.
Cette terre propice à l'agriculture fut disputés par les Anglais, les Hollandais, et Français.
L’île est restée rurale et s'ouvre petit à petit au tourisme. C'est à Marie Galante qu'est fabriqué le meilleur rhum de la Guadeloupe. La canne à sucre y est encore coupée à la main et transportée parfois sur des charrettes à bœufs, tradition qui tend à disparaître, remplacées par les tracteurs.
Pour sauvegarder les bœufs et la tradition, des concours de bœufs-tirants sont organisés, attelés par 2, les bœufs tirent un cabrouet (charrette à transporter la canne à sucre) de 1 tonne sur une pente à forte dénivellation le plus vite possible. L'équipage a droit a 12 coups de fouet, au 13ième, il est disqualifié.
Les bœufs concourent par catégorie de poids et d'âge (minime, cadet, classe C, B et A pour les plus performants ; les éliminatoires sont faits avant la grande compétition à la Guadeloupe.
Les bœufs sont traités comme des athlètes de haut niveau, ils ont même droit à des régimes pour être conforme au poids de leur catégorie.
A Saint Louis, la baignade est fort agréable dans une eau si claire à température fort agréable qui ne nous saisit pas quand on y rentre. Des plages de sable fin bordent la baie.
La visite de Saint Louis est vite faite car le village est petit, propre et accueillant.
Nous allons jusqu'à la boulangerie Gustarimac pour goûter les caca-bœufs, spécialité Marie Galantaise à l'aspect évocateur. Le caca- bœuf est constitué de noix de coco, de sirop de batterie, de vanille et d'amande amère.
Samedi , nous passons la soirée chez Henri, petit bar-restaurant sur la plage à côté du débarcadère où Franck Nello, un jazzmen funk nous offre son récital de chansons. Une soirée fort agréable.
Dimanche 17.04, nous levons l'ancre pour Grand Bourg, 1 heure de trajet au moteur, panne d'alizés ;
Nous mouillons derrière la jetée de port.
L'annexe est mise à l'eau pour aller assister à l’entraînement de boeufs-tirants, non loin de l'aéroport.
Nous sommes pris en stop par une Marie-Galantaise fort sympathique, elle est une voisine de Monsieur Pétro, le propriétaire du terrain sur lequel se déroule ce fameux entraînement, de nous même nous ne l'aurons pas trouvé.
C'est franchement spectaculaire de voir ces mastodontes de 800 kg à 1 tonne, tirer sur un terrain pentu, la charrette lestée avec des gueuses de plomb sur une distance de 200 mètres.
Les bœufs arrivent en haut de la pente à bout de souffle, la bave à la bouche et l'écume aux naseaux, avec une musculature digne d'un haltérophile. Des monstres de muscles.
Au cours de cet entraînement, nous faisons la connaissance d'Alain, un professeur de Rennes qui accompagné de son amie, Cybèle font un reportage sur tout ce qui se rapproche de la canne à sucre ,dont les bœufs font parties intégrantes.
En la compagnie d'Alain, l’après midi nous assistons à une compétition de combats de coqs ( interdit en France), qui sont autorisés certains jours car cela fait partie de leur culture. Pour ma part, c'est la première fois que j'assiste à cela.
Nous arrivons au village de Morne Lolo, où un bâtiment assez typique aux emblèmes de coqs peints sur la façade.
Nous pénétrons dans ce bâtiment sombre et première chose, nous sommes dirigés vers le bar où nous sommes invités à consommer, devinez quoi ? Pas de l'eau, du bon rhum de Marie Galante sous forme de punch et de mixture sortie d'un bocal où trempe je ne sais quoi, aux degrés d''alcool extrêmement fort. Nicole décline l'invitation à boire, mangée par les moustiques, elle se réfugie à l'extérieur du bâtiment ne voulant pas assister à ces combats de coqs.
Suite à cela, nous sommes invités à payer notre droit d'entrée (10 €), puis dirigés vers l'arène.
Ces combats sont fortement réglementés, les coqs sont pesés. Ils combattent par catégorie de poids, comme les boxeurs. Ils sont équipés d'ergots métalliques fixés sur leurs pattes par leur propriétaire. Une fois mise en place, les ergots sont contrôlés par un juge. Puis les coqs sont mis dans une arène.
Ce que je regrette dans ces combats de coqs, c'est que souvent l'un des deux combattants y trouve la mort. J'ai apprécié que le propriétaire retire son coq quand celui ci était grièvement blessé et qui avait le dessous de son adversaire.
J'ai vu des coqs avoir des injections de produit suspect avant le combat. Le dopage existe même à ce niveau !
Dans ces combats de coqs, de fortes sommes d'argent circulent entre parieurs en liesse. L'ambiance est euphorique dans les gradins, ça discute, ça rie, ça s'interpelle d'un gradin à l'autre, des moqueries sont lancées.
Je suis venu, j'ai vu, je n'y reviendrai plus.
La nuit au mouillage de Grand Bourg fut très rouleuse, si fait que ce matin 18.04, l'ancre est levée pour rejoindre le mouillage de Saint Louis.
A peine avons nous mouillée l'ancre que nous partons en bus pour aller visiter la distillerie Poisson.
C'est ici que le rhum le plus connu de l’île celui du Père Labat qui est fabriqué depuis 1860.
Distillerie que nous avons connu avec le beau frère Cyrille et Christine, il y a 29 ans.
La distillerie n'a pas changée, toujours artisanale, la canne à sucre est coupée à la machette et broyée entière. Son rhum est toujours aussi fameux.
De là, nous parcourons 4 km à pied pour rejoindre l'habitation Roussel-Trionon, un vestige d'une habitation sucrerie datant du 18e siècle, appartenu à Nicolas Bonhomme, un créole de Marie Galante.
En 1979, les vestiges de l'usine sont affectés à l'éco-musée de Marie Galante.
Le retour se fait en stop jusqu'à Saint Louis.
Mardi 19 avril, c'est la journée scooter. Le temps n'est pas à la fête, il est maussade.
A 8 h 00. nous enfournons notre scooter de location et partons sur les routes de Marie Galante à la découverte des deux distillerie de rhum, restant à découvrir. Quand on aime, on ne compte pas !
Créé en 1650, la distillerie Bielle perpétue une vieille tradition de fabrication de rhum agricole, au jus de canne.
Les effluents ou appelés aussi « vinasse « de la distillerie, sont traités par un processus économique et écologique. Les effluents sont reçus dans un bassin naturel en présence de fougères sauvages dont les racines constituent une éponge végétale qui captent les matières organiques des vinasses et s'en nourrit. Les reliquats de vinasses sont ensuite absorbés par la jacinthe d'eau douce, plante flottante à bulbes spongieux qui est particulièrement gourmande en eau chargée.
Voilà comment la distillerie Bielle fonctionne. On peut y voir les colonnes de distillation, les alambics, les chais, l'ancienne sucrerie et l'exposition des anciennes machines qui faisait fonctionner la distillerie au XVIIIIe siècle.
Seconde distillerie. La distillerie Bellevue, les premières pierres du domaine datent du XVIIe siècle. La sucrerie fonctionnait au moyen d'un moulin à traction animale, devenu en 182 moulin à vent. Elle se met peu à peu à produire de l'eau de vie de canne à sucre, production qui remplacera celle du sucre au début du XXe siècle. En 1924, Gariel Godefroy, de retour des Indes rachète la plantation de 140 hectares, et les 2 alambics qui servent à la distillation. Un cyclone en 1928, anéantie Bellevue qui est reconstruit plus moderne, nouvel appareil de distillation et machine à vapeur. Elle tripe la production, la distillerie reste dans la famille, Albert Godefroy succède à son père dura 50 ans. Aujourd'hui elle appartient à une filiale Bardinet.
C'est une distillerie ultra moderne. C'est la première distillerie neuve de Guadeloupe. Il est vrai qu'elle est moderne avec ses cuves en inox, son laboratoire qui analyse la canne à sucre que livre chaque propriétaire. Elle est payé à la tonne en fonction de son taux de sucre. Sur le domaine l'ancien moulin qui a conservé ses ailes, trône à l'entrée tel qu'une vigie.
Nous continuons notre balade en scooter, elle nous amène à l'un des derniers moulins resté en service, le moulin de Bézart. Construit en 1814, il a été restauré par des compagnons du Tour de France. Il a été classé monument historique. Il a une particularité d’entraîner une machine à mécanisme horizontal pour broyer d'énormes quantité de cannes à sucre, jusqu'à 4 tonnes à l'heure. C'est un beau moulin, dommage qu'il soit laissé à l'abandon, (les compagnons ont fait un travail formidable pour la restauration).
Notre route nous mène à Capesterre, petit bourg paisible vers le Sud-l'Est de l’île, avec son petit lagon cristallin, son petit port protégé par une barrière de corail, la jolie église Sainte Anne..
L'estomac dans les talons nous cherchons à nous restaurer. La mémoire de notre estomac nous rappelle le conseil d'Alain qui nous a parlé d'une très bonne pizzeria de Grand Bourg tenu par un Italien. Pizza excellente et un bon moment de détente avant de reprendre la route vers le Nord de l’île pour aller voir la mangrove de la rivière Vieux Fort, ainsi que la gueule grand gouffre.
Nous avons été stoppé à Saint Louis par une pluie diluvienne, on se serait cru au Vietnam en période de mousson. Nus nous sommes abrités sous un carbet de pêcheur, un lieu où il répare les filets de pêche. Nous avons attendu 1 h 30 en plein vent que la pluie veuille bien cesser. Elle diminua vers 16 h 40, heure à laquelle nous devons rendre le scooter Notre visite de l'ile s'arrête là, nous finirons la visite lors d'un prochain passage.
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