LA GUYANE – LES ILES DU SALUT

 photos suivront ...

23 mai,

Aujourd’hui je m’occupe de l’inverseur. Je fais le plein d’huile, je change les joints. Je profite d’avoir les mains dans le moteur pour changer le filtre à gaz oïl et je fais les essais. Oups, la marche arrière ne passe pas !

Encore un ennui, je débranche le câble de l’inverseur, je fais marcher le sélecteur, tout fonctionne bien, donc cela vient du câble ou de la poignée de la commande ou bien un problème de réglage.

Après avoir démonté la poignée de commande et avoir vérifié que tout était correct, je règle le câble au sélecteur. Ouf ! La marche arrière passe bien. Je retends la courroie de l’alternateur qui est un peu molle.

Nicole nettoie et range le bateau qui en avait bien besoin avec l’humidité et la chaleur. Toutes les affaires à l’intérieur du bateau souffrent de l’humidité, il est temps de fixer une date de départ.

24 mai,

C’est le dimanche de Pentecôte, il pleut  très fort.

 Nicole se plaint d’une oreille ! Elle entend mal et à de petites douleurs à l’oreille depuis 1 semaine. Nous envisageons d’aller à l’hôpital, il pleut à grosses averses toute la journée, nous irons demain en stop.

Je prépare le bateau en vue du départ éminent, je vidange les bâches à eau, je les nettoie et fais le plein d’eau.

25 mai,

Au réveil le ciel est bleu avec quelques petits nuages blancs. Les oiseaux piaillent et s’en donnent à cœur joie.

Nous avons repoussé notre départ pour aller aux urgences pour l’oreille de Nicole. Nous ne prenons pas le risque qu’elle est une otite en mer.

Le transport vers l’hôpital se fait avec la propriétaire du Sangria qui se trouve juste à côté de notre bateau et qui a eu la gentillesse de nous y amener.

3 heures d’attente, pour nous entendre dire par un médecin urgentiste, qu’il ne voyait rien, il nous donne un rendez vous pour le lendemain avec un ORL de l’hôpital.

Pour le retour, nous sommes pris en stop par une Guyanaise très sympa, qui nous a amené jusqu’au port de plaisance.

Ce soir nous sommes invités au repas de ponton. Bière, vin et rhum à gogo, poulets et côtes de porc grillé et cerise sur le gâteau, du brie fondue sur le barbecue avec pain grillé, un délice, c’était une tuerie, tout le monde a curé le plat.

26 mai,

Nous partons à l’hôpital à 7 h 00. Notre voisin de quai Paul, un contrôleur de sécurité des engins forestiers qui habite sur son voilier, nous dépose à l’hôpital.

La matinée se passe à attendre l’ORL qui est parti aux urgences. A 10 h 30, il nous reçoit, diagnostic, Nicole frise l’otite externe due à un bouchon de cérumen.  En 10 mn les soins sont exécutés. Nicole m’entend mieux pour entendre mes conneries.

Nous partons à pieds jusqu’au rond point du Géant Casino pour la pharmacie.

Les emplettes faites, nous rentrons en stop. C’est en 2 étapes que nous rentrons à la marina.

Nous nettoyons l’intérieur d’Odysséa, et l’extérieur est nettoyé à 4 pattes sur le pont avec la brosse à la main, Odysséa est tout blanc.

27 mai,

Nous préparons Odysséa pour le départ, et oui cela fait 16 jours que nous sommes à Degrad des cannes.

Nous allons au restaurant du port de commerce ou paraît-il,  il y a la Wifi, et bien oui la wifi est là.

Nous avons été très loin pour l’avoir cette wifi et nous l’avions juste à 1 km. De plus ce petit resto du midi, fait de la bonne cuisine créole. Nous y mangeons des tripes à la mode Caen, plutôt à la mode créole bien relevées avec comme légumes, des bananes et du riz.

De retour sur Odysséa,  je découvre sur le pont de petites boulettes noire de suies, rejetés par le bateau drague Hollandais, juste à notre vent. Je suis écœuré de voir le travail de la veille souillé. Je passe 3 fois le jet sur le pont dans la journée.

Je graisse les vélos et les plie dans leur sac pour un prochain usage. Un bateau Suisse à pris la place du bateau Freedom d’Emilien. Il est Suisse-Allemand, un couple très gentil, de nos âges, parlant peu français. Nous leur donnons quelques infos sur le fonctionnement du port de plaisance, de Cayenne avec des plans et divers documents que nous possédons.

 Passagers clandestins !

28 mai,

Debout 6 h 00, je mets 60 l de gaz oïl, qui me reste en jerricans, dans le réservoir. Je dis au revoir aux personnes qui m’ont aidé et à 8 h 00, nous larguons les amarres. Au revoir Degrad des Cannes, cela a été un bonne halte.

Nous prenons la direction des Iles du Salut, distant de 45 milles de Degrad des Cannes, elles se situent à 17 km de Kourou.

Ces iles ont été célèbres par la présence du bagne, 3 ilots composent les Iles du Salut :

L’Ile Royale, c’est l’ile principale, la plus grande, c’est là que se trouvait les bâtiments administratifs et l’hôpital du bagne.

L’Ile St Joseph, est resté beaucoup plus sauvage, c’est sur cette ile que les vestiges du bagne sont restés les plus remarquables, un sentir fait le tour avec de jolis points de vue.

L’Ile du Diable, c’est sur cet ile qu’à séjourné le Capitaine Dreyfus.

Après une navigation avec des pointes à 9 nœuds, nous arrivons aux Iles du Salut en contournant l’Ile St Joseph par le Sud à 14 h 30.

Nous prenons un tonne jaune réservé aux militaires (CSG) au mouillage des cocotiers à l’Ile Royale.

A 19 h 00, nous essuyons un coût de vent avec fortes rafales. Je suis bien content d’avoir pris une tonne. Le mouillage est rouleur à souhait !

29 mai,

Quelle nuit, le sommeil nous manque et le roulis n’a pas arrangé le mal à l’estomac.  Odysséa a roulé toute la nuit et ce matin la tonne a cogné contre la coque en faisant un bruit sourd et inquiétant. Nous avons peur pour notre coque

A 8 h 00, nous changeons de tonne, nous prenons une tonne blanche juste à côté. Elle est un peu mieux protégée de la houle.

L’annexe est mise à l’eau, et c’est avec des estomacs barbouillés que nous mettons pied à terre sur l’Ile Royale.

Elle nous paraît la plus intéressante à visiter. Nous attachons l’annexe au ponton flottant et nous voilà parti pour faire le tour de l’Ile.

Le temps est maussade, nous subissons quelques grains de pluie. La végétation est dense avec des cocotiers, manguiers et pruniers du Brésil. De nombreux rongeurs, « des cotias » sortent des buissons, ils éventent des noix de coco que se trouvent un peu partout sur l’ile et mangent les fleurs des flamboyants.

Les principaux bâtiments ont été conservés, surtout les bâtiments administratifs, religieux et habitats du personnel pénitencier. Tous les bâtiments des bagnards ont été laissés à l’abandon et même certains détruits pour installer une station de surveillance de lancement des fusées. Quelques uns ont été restaurés et d’autres en cours de restauration. Après la honte du bagne, c’est l’ère du rapport financier touristique, de nombreux catamarans déversent des centaines de touristes, ce qui pousse le patrimoine Guyanais à la restauration avec l’aide de l’armée. Merci aux touristes.

En faisant le tour de l’ile, nous avons visité tous les bâtiments administratifs et du personnel  surveillant. Quartier des directeurs, quartier des surveillants, maison du médecin et du gardien du phare, l’infirmerie, presbytère, maison des sœurs.

Puis tous les bâtiments des bagnards, quartier des condamnés, le pénitentiaire (chambre dortoir), maison des fous, boulangerie, piscine des bagnards).

Nous avons eu la chance d’être guidé par un Monsieur d’un certain âge, qui connaissait très bien l’histoire du bagne. Il nous a raconté les mœurs, les règles de vie du bagne, et les règles de vie qu’imposaient les bagnards les plus robustes (loi du milieu carcéral).

Le bagne correspondait aux camps de concentration sur les conditions d’hygiène et discipline. Les conditions de vie des bagnards étaient horribles et ignorées, ils dormaient dans les dortoirs sur un plateau de bois qui faisait le tour de la pièce.

Ils étaient environ 200 à dormir dans chaque dortoir, avec un espace de 50 cm chacun. Ce plateau de bois était infesté de toutes sortes de vermines ou couraient les punaises, les cafards, les poux, les morpions et les moustiques en complément ; les surveillants n’entraient jamais dans ces dortoirs.

Il excitait une hiérarchie de bagnards qui aidaient au fonctionnement du bagne.

Ils envoyaient dans les dortoirs des bagnards qui s’appelaient « les porte-clés », ils encadraient les autres bagnards, ce sont eux qui fermaient et ouvraient les portes.

Les bagnards appelés « porte-clés », sont des bagnards qui avaient acquis la confiance des gardiens par des mouchardages sur les autres bagnards. Comme les gardiens étaient peu nombreux, ils étaient employés comme aide.

Ces « porte-clés » encadraient les autres bagnards, faisaient l’appel tous les matins, les conduisaient aux travaux forcés et autres corvées. En compensation, ils avaient une cellule à part, étaient bien nourris. Il ne fallait pas qu’ils fassent d’écart de discipline sinon ils étaient remis avec les autres bagnards et là c’était la mort assurée.

Il y avait le bagnard bourreau, qui s’occupait des exécutions, du montage et de l’entretien de la guillotine.

Ainsi que les bagnards domestiques, ils avaient comme tenu un tablier blanc. Ils étaient au service du personnel surveillant et administratif et s’occupaient du ménage, de la cuisine, de la lessive.

Les brimades étaient fréquentes : fouettés, humiliés, mis nus en plein soleil ou sous la pluie. Pour eux, cela étaient très dégradant.

Après cette visite, nous quittons ces lieux chargés d’histoire, de souffrance et de torture.

Nous regagnons l’annexe ballotée par le clapot et rentrons sur Odysséa qui remue toujours autant.

Ne voulant pas passer une nuit supplémentaire sur ce mouillage très rouleur avec un vent qui souffle fort, effet de venturi entre les 2 Iles, nous penons la décision d’aller dormir dans le fleuve Kourou et de laisser passer le force 6 prévu par la météo. Nous mouillons dans le fleuve Kourou à 19 h 00 après 2 essais de pioche. Les moustiques sont là pour l’accueil, le cinq/cinq et les moustiquaires sont en service.

30 mai,

Nous avons bien dormi, levé à 8 h 00. Toute la nuit nous avons eu droit à du vent fort et de la pluie.

Malgré l’ancre de 20 kg et les 60 mètres de chaine,  je me suis réveillé 2 fois cette nuit  jusqu’à la renverse de la marée, pour voir comment tenait le mouillage.

Inquiétude bien justifiée car la vase est molle et sans sable ; l’ancre à chasser et s’est replantée un peu plus loin cette fois d’une façon solide.

La journée très pluvieuse se passe à lire, à écrire et à se reposer.

Demain nous partons en direction de Saint Laurent de Maroni en Guyane.

31 mai,

Départ à 9 h 00, pour le St Laurent de Maroni, la météo prévoit force 5 avec des rafales à 27 nœuds. Nous sortons du fleuve Kourou avec le jusant, 1 h 00 après nous passons la bouée d’atterrissage, pas de vent, nous sommes écœuré. Nous faisons le choix de retourner aux iles du Salut visiter l’Ile St Joseph et  reporter notre départ au lendemain.

Visite de l’Ile St Joseph, nous allons voir la prison qui est en ruine, puis les cellules en cours de restauration. Elles sont à ciel ouvert, en guise de toit, des barreaux et les gardiens patrouillaient au dessus de leurs têtes, aucune intimité.

La pluie leur tombe dessus et quand on connait le degré de pluviométrie en Guyane, cela ne devait pas être la joie, ils étaient moins bien lotis que ceux de l’ile Royale.

En suite nous avons pris le chemin de ronde, qui fait le tour de l’ile où quelques photos sont à faire, nous passons devant la piscine des bagnards, un enrochement qui entoure un point d’eau de mer. Un cout d’œil au cimetière qui semble t il est entretenu.

Notre tour de l’ile se finit sous une pluie diluvienne, nous avons pris refuge chez les militaires en attendant que le déluge se passe

Notre visite a durée 2 h 00, visite moins intéressante que l’ile Royale.

1 et 2 juin,

Nous quittons le mouillage à 9 h 30, juste après le passage de la barge des militaires qui ravitaille les  soldats sur l’ile St Joseph.

Direction St Laurent de Maroni, 120 milles nautiques à parcourir. Ils se font avec un vent faible de 8 à 10 nœuds. Malgré cela nous sommes obligés de réduire la voilure sur la fin pour cause de visibilité. Nous voulons rentrer dans le fleuve au lever du jour dans le Maroni car nous n’avons aucun balisage sur nos cartes. Le balisage change trop souvent à cause des alluvions posées par les marées.

Même la bouée d’atterrissage a changé de position, elle se trouve à 2 milles de l’emplacement que j’ai sur la carte.

A 6 h 20,  nous sommes à la bouée d’atterrissage, la remontée du fleuve se fait en 2 étapes. Nous faisons un mouillage à 9 h 30 en dehors du balisage pour attendre la renverse. Avec un coefficient de 90, le jusant est trop fort, Odysséa n’avance presque plus.

A 14 h 20, nous reprenons la remontée du fleuve aidé par le flot de marée et 10 de vent de travers qui nous pousse les 5/6 du trajet. Après 17 milles de remontée du fleuve, nous arrivons à St Laurent de Maroni à 18 h 00 où nous mouillons derrière une petite ile prés du ponton flottant.

En définitive, le petit ilot est une épave recouverte d’arbres, l’épave du navire Edith Cavell.